Une bouteille de vin, une très importante bouteille de vin, en tout cas pour moi, retrouvée vide et c'est le désastre. Un bouteille de vin débouchée, mise à côté des autres bouteilles vides d'après party de Noël, et dans ma tête je change, je m'effondre. Mon cynisme devient tristesse, cette bouteille m'affecte, elle est la plus belle et la plus triste oeuvre d'art de l'Absolu. Je me fige, j'arrête de bouger, et autour de moi les gens s'affairent, ne remarquent rien, ne remarquent pas le désastre. Cette bouteille m'avait été offerte, c'était la dernière, j'avais comme devoir de la protéger. Et puis je cherche un coupable : qui a osé ouvrir cette bouteille? Cette bouteille qui voulait tout dire pour moi, et on me répond que quelqu'un s'est servi, parce que j'avais laissé la bouteile à côté des autres, des bouteilles ordinaires. Je suis atterré. J'ai failli, ce dernier cadeau de mon grand-père n'est plus, je l'ai négligé et il n'est plus. Je suis au bord des larmes, et j'essaie d'expliquer, que c'est grave, qu'il ne fallait pas, que je suis un tel imbécile, que la bouteille est perdue. Et on me dit que ce n'est pas grave, qu'on peut en racheter une autre, qu'elle ne valait pas si cher. Mais je m'en fous, j'ai trahis mon grand-père, j'ai falli, la bouteille rachetée ne sera jamais la même, elle n'aura pas d'héritage, elle ne sera pas porteuse d'un amour, d'une passion. J'ai trahis mes valeurs par ma faiblesse, je ne suis plus celui que je suis, je suis un diminué de moi-même, j'approche de n'être plus rien. Et j'essaie d'expliquer, j'essaie, mais c'est beaucoup trop compliqué, partout on ne voit qu'une vulgaire bouteille de vin, et je comprends que je suis le seul à voir la bouteille de mon grand-père, à voir un héritage et une valeur, à voir un désastre et une oeuvre d'art. Et j'imagine, je vois déjà les éclats de la bouteille, je la vois déjà brisée, déchue, dans un bain liquide rouge vin, et je suis le seul à voir, et je suis triste. Je m'enferme. J'aurais besoin de parler, mais c'est beaucoup trop compliqué. Je m'enferme.
dimanche 6 janvier 2008
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
Je ne crois pas qu'aucun mot ne puisse soulager le mal qui te transperce, te déchire, te détruit. Il est parfois difficile d'imaginer à quel point la plus simple des choses peut représenter le monde pour nous. Mais au fond, j'ose croire que quelque part, ton grand-père ressent ton désarroi et est fier de son petit-fils, fier de son amour.
Ça pourrait être pire, tu pourrais avoir le cancer...
De la valeur sentimentale. C'est vraiment désolant que les "gens" accordent si peu d'importance aux objets à forte valeur sentimentale des "autres". Pourtant, ce n'est pas si incompréhensible! Ohlàlà, les humains (et leur instinct), toujours prêts à sacrifier le bien des autres en faveur du leur...
Au risque d'enfoncer le couteau dans la plaie : Ne néglige pas les autres trésors que ton grand-père t'a laissés. Bien que tu aies écrit un texte très senti, les sentiments qui l'englobent ne semblent pas être des plus agréables, à moins que tu aimes "te fesser dessus". Le mieux ce serait de ne pas répéter l'expérience, à moins que tu aimes "te fesser dessus", et dans ce cas, continue allègrement (bien que ce ne soit pas très sain).
Et puis, d'un point de vue plus littéraire, je le trouve très beau ton texte, Nic. J'aime beaucoup la dégradation "émotionnelle" du point initial, et qui finit au dénouement, et l'image de fermeture lente qui découle de cette dégradation. Encore une fois, deux de tes dernières phrases sont vraiment admirables.
Simple curiosité, c'était quoi comme vin?
Maintenant qu'elle est vide, tu crois qu'elle n'a plus aucune signification, plus aucune valeur?
Enregistrer un commentaire