mercredi 20 février 2008

Sur l'impuissance

Une amie m'a fait la demande spéciale d'écrire un texte, en spécifiant que la demande spéciale ne portait pas sur le thème de l'impuissance sexuelle, en général, et pas, particulièrement, sur l'impuissance sexuelle d'un jeune homme dont le blogue se retrouve ici.

Texte sur tout l'impuissance du monde, sauf sur l'impuissance sexuelle de ce Mathieu (nom fictif), donc.

Je me sens assez bien placé pour parler d'impuissance en générale, puisque depuis le début de ma maladie, j'y suis souvent confronté. Même aujourd'hui, alors que je sais que je ne mourrerai pas et que je suis des traitements qui fonctionnent, je n'ai pas autant de pouvoir sur ma vie que je ne le souhaiterais.

On me parle souvent d'impuissance, aujourd'hui. Il y a des gens qui aimeraient pouvoir quelque chose pour moi, il y en a même qui iraient jusqu'à me prendre une parcelle de maladie pour me donner un peu de repos. Mais eux non-plus ne peuvent rien. L'attente, et l'espoir, voilà le sort des impuissants.

Attente et espoir. Attente donc. Les attentes sont à être éliminés, et l'impuissance en crée, L'impuissance devient un ennemi.

Face à une situation devant laquelle on ne peut rien faire, il n'a qu'une voie possible, et c'est de combattre son impuissance elle-même. Dans le cas de mon cancer, ça a été de changer de docteur. Pour mon docteur, dans plusieurs cas qui sont aujourd'hui sans espoir, ça passe par la recherche. S'il n'y a aucune façon de combattre dans une situation, il reste généralement une façon de chercher à se dépasser, à dépasser les limites de son impuissance. Et même si souvent ça ne change rien, c'est dans cette petite force, cette force de changer, qu'on peut trouver le doute nécessaire pour chasser l'attente. Et redevenir libre de soi-même.

lundi 11 février 2008

Six banalités

On m'a attrappé, et d'habitude on ne m'attrape jamais à ce jeu, mais Josyanne me demande de mentionner six banalités sur moi-même. C'est parti.

1. Dans des milieux urbains, je me retrouve souvent, malgré moi, à estimer la valeur stratégique de l'environnement pour une fusillade. J'ai trop écouté de "Twenty-four".
2. J'utilise régulièrement affirmatif, négatif et zero-quatre dans mon vocabulaire. C'est une habitude que j'ai prise de mon père, qui utilise souvent ces expressions parce qu'il travaille sur une base radio.
3. Quand j'ai un problème à résoudre, je fais à peu près la moitié de mes réflexions en anglais (et je ne suis pas bilingue).
4. Je déteste décevoir.
5. J'évite de penser à des choses que je n'oserais pas afirmer, question d'éthique et d'honnêteté.
6. Je me mets souvent dans des situations complexes parce que j'aime résoudre des problèmes concrets.

De la lourdeur

Écriture de soirée :

À la lourdeur, à l'immense lourdeur qui habite les esprits qui réfléchissent plus qu'ils pensent, à la pesante lourdeur qui ralentit la vie, à cette lourdeur néfaste parce qu'inutile, je m'attaquerai, je diveserai en tranches, en cubes, en poussières. En une infinité de particulières légères, sans poids, volantes et gratuites, universelles. Je ramenerai le lourd au dieu d'Einstein, cette spiritualité du rassemblement par le commun.

De la lourdeur, de la masse qui encombre et ennuie, de cette grossissante grosseur grossière, je créerai le léger, le facile, l'étincelle et la joie de l'intérêt. Je m'attaque au gros emmerdeur, au générateur de perte de temps et de tabout, à l'ennemi au nom de Lourd.

Je condamne à sa fin la paperasse et la bureaucratie, et j'anéantis les pensées qui n'aboutissent jamais. La lourdeur est mon ennemi, je vous le dit, et elle ne fera pas le poids devant mon envol.

vendredi 1 février 2008

Je n'en ferai pas une habitude

Je n'en ferai pas une habitude, de me justifier ainsi. Je sais : ça fait au dessus d'une semaine que je n'ai rien écrit. Ça s'explique par des visites à l'hôpital épuisantes et par un peu de paresse. Et ça pourrait arriver encore, bientôt j'ai quelques semaines d'hospitalisation et je ne suis pas certain de ma connexion internet.

La longue épreuve

Pour un gars qui veut combattre, qui veut prendre en main les choses et vaincre son cancer, pour un gars comme moi (mais il y en a d'autres), l'une des épreuves la plus difficile, c'est celle de l'impuissante patience.

Il se passe des jours, des semaines, parfois des mois, d'attente passive. Il y a des périodes où je regarde les heures passer, une à une, isolé dans ma chambre d'hôpital ou chez moi, à rêver d'une vie active. Des heures, accumulées par centaines, à attendre qu'un indicateur dans le sang remonte, à attendre que les sacs de chimio se vident, à attendre le résultat des examen, à attendre la guérison.

Et ce qui est difficile, pour moi, c'est justement de ne pas pouvoir me battre, de rester passif dans cet affrontement de la maladie. Ma façon de la traverser, cette longue épreuve, c'est de rester sur le qui-vive, prêt à agir. Ça me permet de garder le moral pour les mois qui restent.