mardi 15 avril 2008

Le printemps

Ça a été long avant mon texte suivant, mais le voici.

Le printemps, c'est comme étendre déplacer du beure sur un toast et voir que le beure s'étend, c'est comme appuyer sur les boutons de la télécommande et que le poste ne change pas parce que la télécommande n'a plus de battries, c'est comme diviser 360 en 5, c'est comme passer une efface sur du texte et le voir effectivement s'effacer, c'est comme plier une feuille jusqu'à qu'elle se prise. Le printemps et qui fait pousser la nature, c'est comme tout ça. C'est le même concept, la même usure.

mercredi 19 mars 2008

La frigidité

« hot!fructose », la jeune inconnue qui se dit portugaise (qui peut cela peut-il donc être…?), me commande un texte sur la frigidité.

Ce texte s’adresse donc à tous/toutes les inconnus/inconnues qui me croient frigide.

Je ne suis pas frigide. Peut-être qu’en publique je ne suis pas très démonstratif de mes sentiments, de mes affections et de mes pulsions, mais c’est pour ne laisser personne de côté. En fait, j’essaie d’avoir le même niveau de chaleur avec tous les gens en ma compagnie. Si on vous dit que je suis frigide, inconnus/inconnues, c’est une erreur de perception. J’essaie de concilier chaleur et équitabilité.

Voilà.

mardi 11 mars 2008

Absentéïsme

À la demande spéciale de "hot! fructose" (inconnue).

Si on se fie à ce livre nommé la Bible, Dieu a fait tout plein d'interventions vraiment spectaculaires, comme des arbres qui brûlent éternellement et des mers qui se séparent, et ce, jusqu'à un peu après la mort de son fils.

Si on se fie à la croyance populaire, aussi, le temps passe beaucoup plus vite en haut, au royaume des anges et de Dieu et des morts qui étaient gentils, qu'ici bas sur terre. On parlerait de milliers, voir de millions d'années ici bas pour quelques secondes en haut.

Ma théorie est la suivante : s'il n'y a plus de manifestations folles de Dieu ici, c'est parce qu'en haut, il s'est absenté. Pour quelques secondes, pour lui. Il est allé pisser, ou prendre une douche, ou autre, je ne sais pas, mais il est parti. Il est absent pour le moment.

Nouvelle variante du christianisme, donc, à laquelle je crois : l'Absentéïsme.

Selon l'Absentéïsme, Dieu existe, mais il est parti. Le Dimanche est toujours sacré, c'est encore le jour du Seigneur. Mais inutile de se présenter à la messe, de toute façon Dieu ne sera pas présent pour entendre nos prières. Dieu reviendra un jour, mais probablement pas de notre vivant. Alors inutile de l'attendre. Et pour le célébrer, pour l'idôlatrer, tendre à être comme lui, le prendre comme modèle, l'Absentéïsme invite les gens à... s'absenter! Bien sûr, personne ne pourra atteindre la hauteur du Seigneur. Qui serait vraiment apte à s'absenter pour des milliers d'années. Mais l'Église absentéïsme vous invite à disparaître, le mieux possible, le plus longtemps possible, sans laisser de note, sans excuses.

Quand Dieu sera de retour, on consacrera un poste de télévision à montrer l'arbuste éternellement ardent en direct, 24 heures sur 24.

mercredi 20 février 2008

Sur l'impuissance

Une amie m'a fait la demande spéciale d'écrire un texte, en spécifiant que la demande spéciale ne portait pas sur le thème de l'impuissance sexuelle, en général, et pas, particulièrement, sur l'impuissance sexuelle d'un jeune homme dont le blogue se retrouve ici.

Texte sur tout l'impuissance du monde, sauf sur l'impuissance sexuelle de ce Mathieu (nom fictif), donc.

Je me sens assez bien placé pour parler d'impuissance en générale, puisque depuis le début de ma maladie, j'y suis souvent confronté. Même aujourd'hui, alors que je sais que je ne mourrerai pas et que je suis des traitements qui fonctionnent, je n'ai pas autant de pouvoir sur ma vie que je ne le souhaiterais.

On me parle souvent d'impuissance, aujourd'hui. Il y a des gens qui aimeraient pouvoir quelque chose pour moi, il y en a même qui iraient jusqu'à me prendre une parcelle de maladie pour me donner un peu de repos. Mais eux non-plus ne peuvent rien. L'attente, et l'espoir, voilà le sort des impuissants.

Attente et espoir. Attente donc. Les attentes sont à être éliminés, et l'impuissance en crée, L'impuissance devient un ennemi.

Face à une situation devant laquelle on ne peut rien faire, il n'a qu'une voie possible, et c'est de combattre son impuissance elle-même. Dans le cas de mon cancer, ça a été de changer de docteur. Pour mon docteur, dans plusieurs cas qui sont aujourd'hui sans espoir, ça passe par la recherche. S'il n'y a aucune façon de combattre dans une situation, il reste généralement une façon de chercher à se dépasser, à dépasser les limites de son impuissance. Et même si souvent ça ne change rien, c'est dans cette petite force, cette force de changer, qu'on peut trouver le doute nécessaire pour chasser l'attente. Et redevenir libre de soi-même.

lundi 11 février 2008

Six banalités

On m'a attrappé, et d'habitude on ne m'attrape jamais à ce jeu, mais Josyanne me demande de mentionner six banalités sur moi-même. C'est parti.

1. Dans des milieux urbains, je me retrouve souvent, malgré moi, à estimer la valeur stratégique de l'environnement pour une fusillade. J'ai trop écouté de "Twenty-four".
2. J'utilise régulièrement affirmatif, négatif et zero-quatre dans mon vocabulaire. C'est une habitude que j'ai prise de mon père, qui utilise souvent ces expressions parce qu'il travaille sur une base radio.
3. Quand j'ai un problème à résoudre, je fais à peu près la moitié de mes réflexions en anglais (et je ne suis pas bilingue).
4. Je déteste décevoir.
5. J'évite de penser à des choses que je n'oserais pas afirmer, question d'éthique et d'honnêteté.
6. Je me mets souvent dans des situations complexes parce que j'aime résoudre des problèmes concrets.

De la lourdeur

Écriture de soirée :

À la lourdeur, à l'immense lourdeur qui habite les esprits qui réfléchissent plus qu'ils pensent, à la pesante lourdeur qui ralentit la vie, à cette lourdeur néfaste parce qu'inutile, je m'attaquerai, je diveserai en tranches, en cubes, en poussières. En une infinité de particulières légères, sans poids, volantes et gratuites, universelles. Je ramenerai le lourd au dieu d'Einstein, cette spiritualité du rassemblement par le commun.

De la lourdeur, de la masse qui encombre et ennuie, de cette grossissante grosseur grossière, je créerai le léger, le facile, l'étincelle et la joie de l'intérêt. Je m'attaque au gros emmerdeur, au générateur de perte de temps et de tabout, à l'ennemi au nom de Lourd.

Je condamne à sa fin la paperasse et la bureaucratie, et j'anéantis les pensées qui n'aboutissent jamais. La lourdeur est mon ennemi, je vous le dit, et elle ne fera pas le poids devant mon envol.

vendredi 1 février 2008

Je n'en ferai pas une habitude

Je n'en ferai pas une habitude, de me justifier ainsi. Je sais : ça fait au dessus d'une semaine que je n'ai rien écrit. Ça s'explique par des visites à l'hôpital épuisantes et par un peu de paresse. Et ça pourrait arriver encore, bientôt j'ai quelques semaines d'hospitalisation et je ne suis pas certain de ma connexion internet.

La longue épreuve

Pour un gars qui veut combattre, qui veut prendre en main les choses et vaincre son cancer, pour un gars comme moi (mais il y en a d'autres), l'une des épreuves la plus difficile, c'est celle de l'impuissante patience.

Il se passe des jours, des semaines, parfois des mois, d'attente passive. Il y a des périodes où je regarde les heures passer, une à une, isolé dans ma chambre d'hôpital ou chez moi, à rêver d'une vie active. Des heures, accumulées par centaines, à attendre qu'un indicateur dans le sang remonte, à attendre que les sacs de chimio se vident, à attendre le résultat des examen, à attendre la guérison.

Et ce qui est difficile, pour moi, c'est justement de ne pas pouvoir me battre, de rester passif dans cet affrontement de la maladie. Ma façon de la traverser, cette longue épreuve, c'est de rester sur le qui-vive, prêt à agir. Ça me permet de garder le moral pour les mois qui restent.

dimanche 20 janvier 2008

Casualty

Des docteurs, des infirmières, la psychologue... On me l'a demandé souvent, à l'hôpital, si j'avais perdu des amis.

Ça arrive à bien des patients. Je connais un gars, il s'appelle Francis, il a mon âge, et il a un cancer dangereux mais il s'en sort bien. Sa blonde, qui était avec lui depuis un moment, l'a laissé quelques semaines après son diagnostic. Ça arrive.

De la façon dont on m'en parle, ça a l'air fréquent. Même que, selon les spécialistes, c'est normal. Le cancer effrait. Ça fait peur, ce mot-là. Cancer. Moi j'ai perdu une amie. C'était une bonne amie, je n'aurais jamais dit qu'elle n'était qu'une connaissance, avant mon diagnostique. Mais c'est normal, consciemment ou inconsciemment, elle a eu peur. J'ai passé proche de mourir, plus d'une fois. Elle n'a sûrement pas voulu s'attacher, ça aurait pu lui faire mal. Sa réaction était normale, humaine.

On le dit souvent, le cancer c'est une bataille, une guerre. Et à la guerre, même si on gagne, il y a des pertes. On perds des gens. Ça fait partie de la game.

samedi 12 janvier 2008

Deal or no deal

Mon père m'a raconté une histoire tout à l'heure, une conversation que j'ai eu avec mon médecin durant mon black out. Et les souvenirs me sont revenus...

- J'vais y aller franchement avec toi Nicolas, t'es dans un état très grave. Tu vas recevoir de la chimiothérapie. Je vais employer un anglicisme, on est dans un deal or no deal situation. Tu comprends ce que ça veut dire?
- Oui?
- Explique moi-le.
- Ça passe ou ça casse. Avec le traitement qui arrive, je guéris ou je meurs.
- C'est ça. T'es-tu prêt à te battre.
- Oui.

J'ai commencé à recevoir de la chimio la journée même. Ça fesse, des souvenirs comme ça.

vendredi 11 janvier 2008

Cicatrice en éclair

J'ai une cicatrice dans le front, en forme d'éclair. Ça fait un peu sorcier, je sais. Je me suis fait ça dans mes premiers jours d'hospitalisation. J'ai commencé une crise d'épilepsie et je suis tombé la tête la première sur le sol. Je gisais là, dans une marre de sang, mes proches s'affolaient et les infirmières ont cru que c'était un ACV. Finalement, ce n'était qu'une crise de convulsion. J'ai survécu.

J'ai une cicatrice en éclair dans le front, comme marque, comme souvenir : j'ai survécu.

jeudi 10 janvier 2008

Poil de face

J'ai un peu de cheveux, et un peu plus de barbe, qui recommencent à pousser. Je sais qu'ils vont retomber, au prochain traitement, et repousser après. Mais en attendant, ça donne un avant-goût du printemps.

mardi 8 janvier 2008

Black out

De mes premiers jours d'hospitalisations, quand j'étais très, très malade, je n'ai presque aucun souvenir. Mon doc dit que c'est parce que mon sang était déréglé, il y avait trop de calcium. Mais peu importe, ce que je veux dire, c'est que je trouve que c'est wierd, d'avoir oublié neuf jours de ma vie.

Je n'étais pas dans le comma pendant ces neufs jours. J'ai signé des papiers autorisants des opérations, j'ai tenu des discussions avec de la visite, j'ai passé avec succès des tests de neurologie. J'étais cohérent.

Mais cette perte de mémoire, elle n'est qu'au niveau de la conscience. Mon inconscient se rappelle de toute l'émotivité liée. J'ai pris des habitudes pendant ce temps-là. Et quand je suis sorti de mon black out, (je me rappelle même de mon premier souvenir post-blackout, c'était la visite d'un ami) mon attitude avait changé, j'avais des nouvelles habitudes, et même que je donnais un nouveau surnom à ma soeur.

C'est vraiment étrange, j'ai changé beaucoup durant ces neufs jours, et je n'ai pas de souvenirs des raisons qui m'ont poussés à changer ainsi. Et je n'ai pas souvenirs d'avoir appris plein de termes médicaux pendant ces neufs jours, sauf qu'après, je les connaissais. J'ai l'impression d'avoir manqué une scène importante d'un film, sauf que, dans le cas présent, le film, c'est ma vie.

Alors j'essaie de recoller les morceaux. Depuis quelques semaines, quand j'en ai la chance, je fouille dans mon dossier médical. Je retrouve les dates des opérations que j'ai passé, les premières fois que j'ai pris des médicaments que je prends encore aujourd'hui, les examens subis. Ça fait tout drôle.

Je découvre mon passé, je le ressens aussi. Mais je n'arrive pas à le visualiser.

dimanche 6 janvier 2008

Bouteille de vin

Une bouteille de vin, une très importante bouteille de vin, en tout cas pour moi, retrouvée vide et c'est le désastre. Un bouteille de vin débouchée, mise à côté des autres bouteilles vides d'après party de Noël, et dans ma tête je change, je m'effondre. Mon cynisme devient tristesse, cette bouteille m'affecte, elle est la plus belle et la plus triste oeuvre d'art de l'Absolu. Je me fige, j'arrête de bouger, et autour de moi les gens s'affairent, ne remarquent rien, ne remarquent pas le désastre. Cette bouteille m'avait été offerte, c'était la dernière, j'avais comme devoir de la protéger. Et puis je cherche un coupable : qui a osé ouvrir cette bouteille? Cette bouteille qui voulait tout dire pour moi, et on me répond que quelqu'un s'est servi, parce que j'avais laissé la bouteile à côté des autres, des bouteilles ordinaires. Je suis atterré. J'ai failli, ce dernier cadeau de mon grand-père n'est plus, je l'ai négligé et il n'est plus. Je suis au bord des larmes, et j'essaie d'expliquer, que c'est grave, qu'il ne fallait pas, que je suis un tel imbécile, que la bouteille est perdue. Et on me dit que ce n'est pas grave, qu'on peut en racheter une autre, qu'elle ne valait pas si cher. Mais je m'en fous, j'ai trahis mon grand-père, j'ai falli, la bouteille rachetée ne sera jamais la même, elle n'aura pas d'héritage, elle ne sera pas porteuse d'un amour, d'une passion. J'ai trahis mes valeurs par ma faiblesse, je ne suis plus celui que je suis, je suis un diminué de moi-même, j'approche de n'être plus rien. Et j'essaie d'expliquer, j'essaie, mais c'est beaucoup trop compliqué, partout on ne voit qu'une vulgaire bouteille de vin, et je comprends que je suis le seul à voir la bouteille de mon grand-père, à voir un héritage et une valeur, à voir un désastre et une oeuvre d'art. Et j'imagine, je vois déjà les éclats de la bouteille, je la vois déjà brisée, déchue, dans un bain liquide rouge vin, et je suis le seul à voir, et je suis triste. Je m'enferme. J'aurais besoin de parler, mais c'est beaucoup trop compliqué. Je m'enferme.

mardi 1 janvier 2008

Écriture de soirée

Ça m'arrive généralement en soirée. Je commence à écrire. Je laisse aller mes mots, au rythme qu'ils vont dans ma tête, je les transpose sur le clavier et ça donne un résultat, résultat amusant, résultat que j'aime généralement assez bien. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai jamais bloggé avant, jamais vraiment, je crois, sauf peut-être cette fois . Jamais vraiment avant, sauf une fois, parce que ça ne fait généralement aucun sens, ça n'a aucune signification, ça fait juste sortir de ma tête, ces mots. Ces mots. Mes mots. Mes mots de soirée, mes mots de gars fatigué qui pense comme pour s'assurer qu'il pense, des mots de réconfort face à moi même. Je pense donc je suis, et j'écris ce que je pense, comme preuve, comme trace : j'ai existé. Je pense et je divague, je pense que je pense, c'est au bord de la méta-écriture, et je ne prends même pas le temps de vérifier si ça existe, la méta-écriture, de toute façon je m'en fous, dans ma tête ça a du sens, ça existe, comme moi j'existe, et moi et ma méta écriture on existe ensemble, dans un absolu abstrait. Et les mots défilent, ils passent, comme vous lisez et ils passent, vous oublierez sûrement ce texte aussi vite que je l'écris, mais vous lisez, peut-être pour vous réconforter. Vous lisez donc vous pensez, vous existez. Et on existe, vous, moi, et ma méta-écriture. On est trois, au moins trois, c'est clair, c'est pas défendable philosophiquement mais au moins pour le moment c'est clair, c'est au moins ça. Et au milieu de cette écriture phatique, on se perd, du moins moi je me perds, je suis mon courrant. Mon courrant qui m'amène ailleurs, à me rappeller que oui j'existe, et c'est parce que je suis en vie, et j'écris parce que je vie et pour me rappeller que je vie, parce que c'est ma manière à moi, maintenant, de la vivre, cette vie. Et j'écris pour ne pas penser à la mort, cette incontournable meurtrière, celle qui viendra un jour, et que je crains plus que tout. Cette mort qui approche tranquillement, lentement, cette Effrayante de laquelle on ne peut pas se défendre. On ne peut que fuir, que la repousser, ce qui est bien naturel, parce qu'elle est repoussante. On ne peut que fuir, et penser à autre chose. Oui, autre chose, une autre chose, n'importe quoi. Je pourrais penser à n'importe quoi, à cette locution telle quelle, «n'importe quoi». N'importe quoi, qui qualifie un peu ce texte, et qui dans ce contexte porte tellement bien son nom. Des mots, de la pensée, n'importe quoi, peu importe quoi, pourvu que ce «quoi » soit autre chose que l'Effrayante, pourvu que ça soit autre chose que l'Effrayante. N'importe quoi d'autre que l'Effrayante. Alors pourquoi je n'anylserais pas cette peur? J'ai peur, et c'est quoi cette peur? C'est de l'instinct je dirais, c'est naturel, c'est de la volonté de survie, et c'est mon instinct qui se butte au fait que je ne comprenne pas qu'on vit avant de se faire faucher par l'Effrayante, et qu'au bout du compte plus rien n'a de sens. Je passe du cynisme au nihilisme, et ça m'énerve, je n'aime pas le nihilisme, le monde existe, bien sûr qu'il existe, autant que mes mots, et au bout du compte il y a un sens, sinon je ne serais pas cynique, je ne serais pas dégoûté des actes de mon espèce. Mon espèce qui se cherche, mon espèce qui se parle quand même, qui écrit, qui blogue. Mon espèce qui tente de communiquer, qui invente des moyens de communications et des théories psychologiques par milliers mais qui n'arrive toujours pas à se parler. Parce qu'on fond ce qu'elle veut faire, pour cesser l'horreur et le massacre, c'est faire ressentir. Elle ne veut pas communiquer, elle veut partager sa douleur, elle veut être comprise. Et les mots, les explicatios, ne suffisent pas. J'en ai déjà parler. Il faut vivre pour ressentir, il faut connaître et expérimenter. Et risquer. Et subir. Parce que ce n'est pas toujours enlevant d'expérimenter, on ne cherche pas à souffrir pour expérimenter. On ne cherche pas à souffrir, personne de censé ne voudrait essayer mon cancer simplement pour me comprendre. On fond, on ne cherche pas à comprendre. On ne cherche pas à ressentir. On cherche à assouvir, assouvir ce que notre instinct nous commande de faire, et c'est l'horreur. Et parce que je ne veux pas ressentir cette horreur, j'écris, et voilà, mes pensées retournent à mes mots. Peut-être qu'au fond, mes mots sont ma seule fuite possible, j'écris, je pense, je vie, et voilà, c'est suffisant, c'est ma forme d'égoïsme, ces mots. Et je publie, sur ce blogue, et c'est une autre forme d'égoïsme, parce que je sais que vous me lisez. Et que même si vous ne me lisez pas, ça ne me dérange pas, parce que cette petite parcelle qui dit que vous me lisez, elle est perdue au milieu d'un texte bien trop long, alors ceux qui ne me lisent pas ne pourront jamais me contredire, ils ne saurant jamais que j'ai écrit ça. Ça. N'importe quoi. N'importe quoi, encore, un n'importe quoi qui m'absorbe, qui me consomme, mes mots qui passent et que je donne, je donne mon être et mon âme à manger à mes lecteurs pour m'assurer que je suis en vie, quelle peur quand même. Je suis un peureux, au bord de la faiblesse, aussi peureux que vous, j'imagine. On m'a dit d'incomptables fois que j'étais courageux, face aux évènements, face à ma maladie qui tue, face à mes traitement, mais en fait je suis un trouillard enchaîné à son instinct, son misérable instinct. Mon misérable instinct, qui craint l'Effrayante.

Ah tiens, on est en 2008. Bienvenue.